Voici une explication qui vous permettra peut être de mieux comprendre ce qu'est la GvH ...
Maladie du greffon contre l'hôte : des armes pour la combattre ?
Certains traitements de maladies graves ont quelquefois des effets secondaires dramatiques. C'est malheureusement le cas de la greffe de moelle osseuse. Elle constitue un véritable espoir de guérison pour de très nombreux malades atteints de Leucémie. Mais parfois elle déclenche la maladie du greffon contre l'hôte, souvent mortelle. Des chercheurs sont sur la piste d'une thérapie cellulaire pour l'éradiquer.
La force salvatrice d'une greffe de moelle osseuse repose à la fois sur des cellules souches et sur les lymphocytes T matures présents dans le greffon.
Les premières permettent la reconstitution des différentes lignées cellulaires du sang du malade.
Les seconds favorisent la prise de la greffe, la régénération du système immunitaire, et participent à l'effet antileucémique à l'origine de la guérison.
Une greffe acceptée par l'organisme pourrait donc être signe de guérison. Malheureusement, il arrive parfois que ces mêmes lymphocytes génèrent "la maladie du greffon contre l'hôte" (GvH). Une maladie mortelle qui apparaît lorsque les lymphocytes T implantés dans le corps se sentent en danger dans un environnement cellulaire étranger. Ils attaquent alors différents tissus du patient. La présence ou l'absence de lymphocytes T devient un véritable dilemme.
Si on les supprime totalement, le risque est de voir réapparaître la leucémie. Que faire ? C'est là qu'entre en scène une autre catégorie de lymphocytes T, ceux que l'on appelle "régulateurs", et qui sont capables de neutraliser l'action destructrice de lymphocytes T.
Découverts en 1995 par Shimon Sakaguchi 1 au Japon, ces régulateurs ont pour rôle principal de prévenir des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1 ou la sclérose en plaque. C'est en partant de ce résultat que José Cohen et Benoît Salomon 2 se sont penchés sur le rôle de ces "régulateurs" dans la maladie du greffon contre l'hôte. Les deux chercheurs ont d'abord démontré que chez la souris ces lymphocytes particuliers - présents dans un greffon médullaire 3 - pouvaient ralentir l'évolution de la maladie agissant sur les lymphocytes pathogènes. Ensuite, les scientifiques ont cherché à augmenter cet effet bénéfique en administrant à leur souris une grande quantité de ces "régulateurs". Pour cela José Cohen et Benoît Salomon se sont livrés à une expérience ex vivo : "Nous avons mis les lymphocytes régulateurs en présence de cellules du receveur pour, d'une part, les stimuler et les multiplier et, d'autre part, les familiariser avec l'organisme étranger. Ainsi "éduqués", ils empêchent les lymphocytes T pathogènes d'attaquer l'hôte et contrôlent la GvH". Le point fort de cette étude 4 : une grande similitude entre les lymphocytes T régulateurs murins et humains.
L'approche thérapeutique est donc envisageable chez l'homme. Mais il est indispensable de vérifier que ces "régulateurs éduqués" n'agissent que sur les lymphocytes T responsables de la GvH. Et bien c'est la tâche actuelle de l'équipe de recherche. Si la réponse est positive, les médecins possèderaient alors un formidable outil thérapeutique qui permettrait de profiter des effets bénéfiques des lymphocytes T du donneur tout en contrôlant la GvH. Ces résultats pourraient faire l'objet d'une publication scientifique très prochainement .
Références :
"Immunologic self-tolerance maintained by activated T cells expressing IL-2 receptor alpha-chains (CD25). Breakdown of a single mechanism of self-tolerance causes various autoimmune diseases". J. Immunol. 1995 Aug 1 ; 155(3) : 1151-64
2 Avec l'équipe qu'ils animent au sein du Laboratoire "Biologie et thérapeutique des pathologies immunitaires" du Professeur Klatzmann.
"CD4 (+) CD25 (+) immunoregulatory T Cells : new therapeutics for graft-versus-host disease". J Exp Med. 2002 Aug 5 ; 196 (3) : 401-6
Contact : José COHEN / Laboratoire biologie et thérapeutique des pathologies immunitaires, Paris